20 mai 2012
Vanina Hesse (Alain G. leduc)
Comment dire ? Comment dire le désir que j'ai eu pour " elle ? Comment dire le plaisir étrange qu'elle me donna ? Un plaisir sans doute plus cérébral que physique ; mais je m'expliquerai là-dessus. Avec Vanina Hesse j'eus soudain le sentiment d'entamer le versant noir de mon existence. L'idée d'un couple immuable, statique, me semblait déjà le plus grand mensonge qui fût, un leurre dans lequel la religion et l'ordre social trouvaient trop bellement leur compte. Je voulais balayer cette contrainte, me délecter d'autres archaïsmes, voir, comme Proudhon, émerger une nouvelle société faite d'hommes et de femmes libres, qui pussent aller au bout de leurs désirs, jouir en toute raison des possibilités' inouïes de leurs corps. Vanina fut pour moi, quelques mois durant, semblable à cette obscure clarté qui tombe des étoiles, une sorte de lumière venant me désigner à cru un pan de mon destin. Après avoir chanté l'éloge de la folie, de l'alcool, m'être complu dans un pessimisme retors, j'avais appris à aimer la solitude.
Biographie de l'auteur
Alain (Georges) Leduc est professeur à l'ESAL (Ecole supérieure d'Art de Lorraine), où il enseigne l'histoire de l'art et de la littérature. Ecrivain et critique d'art, il a obtenu le prix Roger-Vailland, en 1991, pour son second roman, Les Chevaliers de Rocourt : il est aussi l'auteur d'un volumineux dictionnaire des terminologies artistiques, Les Mots de la peinture.
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